Ses yeux sont couleur bleu lagon, mais son regard est sombre comme les abysses. Laetitia Hédouin, spécialiste du corail, et mère d’un garçon de 5 ans, se pose inlassablement cette question : Quelle planète laisse-t-on à nos enfants ? Puis, comme un ricochet dans l’océan : Quels enfants laisse-t-on à notre planète ? la scientifique au Centre de recherches insulaires et observatoire de l’environnement (Criobe/CNRS), en Polynésie française, lance l’alerte sur la mort blanche du corail. Au-delà de ses recherches en laboratoire, ancré dans l’envoutante baie d’Opohunu à Moorea, cette femme engagée de 40 ans a planté, en plein océan Pacifique, une impressionnante forêt corallienne. Elle parraine également Coral gardeners, une association, fondée par des adolescents, spécialisée dans le bouturage de corail. Et conseille l’Institut polynésien de biomimétisme qui propose des plongées sensorielles sur le récif corallien. Laetitia Hédouin a aussi participé à la mission des plongeurs de l’extrême Under the Pole III, lors de leur inventaire des coraux en Polynésie. Autres exemples de son engagement : Elle anime des conférences-débats auprès du grand public, intervient dans les écoles et sensibilise les guides lagonaires. Laissant, dans son sillage, un message porteur d’espoir face à l’urgence climatique et à l’effondrement de la biodiversité : « Il est encore temps de changer de cap pour préserver le corail, ce bien commun de l’humanité. » 90 % des coraux en Asie-Pacifique pourraient être gravement détériorés d’ici à 2050, principalement à cause du dérèglement climatique, s’alarme la Plateforme intergouvernementale sur la biodiversité et les services écosystémiques (IPBES). Les récifs coralliens représentent, avec les forêts tropicales, les écosystèmes les plus riches et les plus productifs de la planète. Leur rôle dans la chaine alimentaire océanique est vital pour l’être humain : un tiers des espèces marines y demeurent.

Auteurs

Eléonore Henry de Frahan, photographe
Aude Raux, rédactrice